Lettera n. 137

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Fauriel, Claude
Data
17 ottobre 1820 (ce 17. 8.bre 1820.)
Luogo di partenza
Milan
Luogo di arrivo
[Paris]
Lingua
francese
Incipit
je n'aurais pas attendu jusqu'à présent
Regesto

Manzoni invia a Fauriel per mezzo di Victor Cousin alcuni opuscoli romantici e anti-romantici insieme ad alcuni volumi e all'Ildegonda del Grossi; accenna alla pubblicazione della Lettre allo Chauvet e ai suoi progetti letterari.

Testimoni
Edizioni
  • DE GUBERNATIS 1880, p. 317.
  • SFORZA 1882-1883, vol. I, p. 183.
  • SFORZA 1912-1921, vol. I, p. 494.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 137, vol. I, pp. 212-217, note alle pp. 811-813.
  • BOTTA 1991, p. 232 (allegato); p. 243 (lettera).
  • CARTEGGIO MANZONI-FAURIEL 2000, lettera n. 63, pp. 263-269 (lettera); pp. 269-270 (allegato), note alle pp. 270-283.
Opere citate

Adelchi; Discorso sopra alcuni punti della storia longobardica in Italia; Lettre à M.r C*** sur l'unité de temps et de lieu dans la tragédie

+ Testo della lettera

J'ai honte de vous parler encore de mon fameux coup de lance contre M.r Chauvet, mais je n'en fais ici mention que pour vous dire que dans le cas très probable, que vous jugiez que la pubblication si tardive de ce pauvre factum ne fût plus convénable, et que venant si long-temps après l'attaque elle n'eût tout-à-fait l'air d'être le produit d'une mémoire d'auteur, et d'une rancune vraiment italienne, dans ce cas vous dis-je, ne croyez pas me faire la plus petite peine en la supprimant. Mais si vous persistez dans la résolution de la livrer à l'empressement du public, il vaudrait peut-être mieux de la publier séparément, d'abord pour ne pas retarder encore, ou pour ne pas trop vous presser dans votre travail sur le romantique, et par beaucoup d'autres raisons dont je vous épargne l'ennuyeuse énumération.
Ce que c'est que les poëtes, mon cher ami! Il faut encore que je vous parle de projets de travail; et que je vous demande des avis. J'ai en main un sujet de tragédie au quel je vais me mettre tout-de-suite, pour l'achever dans l'hyver si je peux, car Adolphe que vous m'aviez proposé, je l'ajourne, parce que je ne pourais le traiter que d'une manière à la quelle le public serait trop peu accoutumé, et contre la quelle il aurait même trop de préventions. Celui que je veux entreprendre à present est beaucoup plus populaire, c'est la chute du Royaume des Longobards, ou pour mieux dire de la dynastie longobarde et son extinction dans la personne d'Adelgise dernier roi avec Didier son père. En cherchant de tout côté des notices et des observations sur cette époque, j'ai vu, ou crû voir qu'elle n'a nullement été comprise par ceux qui en ont parlé. Quant aux chroniqueurs contemporains vous savez qu'ils ne sont ordinairement que des narrateurs très arides, et qu'ils sont tous| bien loin d'avoir déviné quelles seraient les choses de leur temps sur les quelles la posterité aurait le plus de curiosité. Les érudits des temps postérieurs à la renaissance des lettres tout en ramassant beaucoup de faits, et faisant des inductions quelquefois ïngénieuses et difficiles sur quelque coutume et sur les moeurs du moyen age n'ont jamais vu ce qu'il y avait d'important et de vrai dans les institutions, et dans le caractère de cette époque. Pour les historiens que nous appelons philosophes, c'est bien pis, puisqu'ils y ont vu ce qui n'y était pas. Ainsi pour ne vous rappeler leur manière de voir que sur un seul point, je trouve que depuis Machiavel jusqu'à Denina et après, tous s'accordent à régarder les Lombards comme des Italiens, et ce là par l'excellente raison que leur établissement en Italie a duré plus de deux siècle. Les Turcs à ce compte doivent être bien Grecs. Vous voyez qu'en partant de cette supposition ils ont dû juger de travers les faits, les lois, les personnes, tout. Pour tacher de me faire l'idée la plus complete que possible de ce point d'histoire, je me suis enfoncé dans les chroniques de la collection Rerum Italicarum, et même je hante quelques uns des dix-neuf gros complices de M.r Thyerri, qui me sont indispensables non seulement pour les rapports immédiats de l'histoire de Charlemagne avec celle des Lombards, mais aussi pour attraper quelques indications sur les établissemens des conquérans barbares qui tous se ressemblent fort. Or je voudrais que vous eussiez la bonté de m'indiquer quelque ouvrage moderne (à-part les plus connus) de ceux qui, bien ou mal, ont voulu débrouiller le chaos de ces établissemens dans le moyen age, et qui surtout ont parlé de la condition des peuples indigènes subjugués et possédés, qui est le point sur le quel l'histoire est plus pauvre, puisque pour ce qui regarde les Lombards on ne trouve presque pas une mention des Italiens dans leur histoire, qui cependant s'est faite en Italie. Ma tragédie achevée, je compte d'y rëunir un petit travail historique sur les faits qui en forment l'argument, et sur la manière dont ils ont été representés: et mon but | en cela est de démontrer que l'histoire des établissemens des barbares en Italie est encore à faire, et d'animer quelqu'un à l'entreprendre, ou au moins d'ébranler beaucoup de croyances très fermes, et très absurdes.
J'ai un scrupule de conscience qu'il me faut absolument tranquilliser. En vous envoyant toutes ces brochures romantiques je vous donne l'occasion de faire un travail important pour tout le monde, et pour nous autres italiens surtout; mais si cela doit retarder de beaucoup votre grand travail, et ajourner de beaucoup la publication des premiers volumes, je vous avoue que j'en aurais des remords. J'en ai déjà d'avoir pu vous laisser ce fatras à débrouiller, et d'avoir cru que les bornes de votre bonté devaient être celles de mon indiscrétion.