Lettera n. 428

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Cousin, Victor
Data
2 ottobre 1833 (ce 2 8.bre 1833)
Luogo di partenza
Brusuglio
Luogo di arrivo
[Paris]
Lingua
francese
Incipit
je viens de recevoir votre lettre du 14 août
Regesto

Alessandro Manzoni fa alcune provvisorie dichiarazioni sulla propria confutazione al sistema filosofico di Cousin; chiarisce che non intende dare alle stampe un lavoro del genere, contrariamente a quanto scritto in un articolo da Witte.

Testimoni
  • (originale) Parigi, Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, MSVC 238, 3294
Edizioni
  • BARTHÉLEMY-SAINT-HILAIRE 1895, vol. I, pp. 599-602.
  • BARBI-GHISALBERTI 1942-1950, vol. III, pp. 555-557.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 428, vol. II, pp. 20-22, note alle pp. 688-689.
  • CARTEGGI LETTERARI 2016, lettera n. 263, pp. 672-675, note alle pp. 675-676.
Opere citate

Lettera a Victor Cousin

+ Testo della lettera

Cher ami, je viens de recevoir votre lettre du 14 août; par compensation je n'ai que quelques momens pour faire la réponse, qui doit partir pour Milan, pour y chercher une occasion pour Turin, où elle doit être remise au C.te de Benevello, qui veut bien s'en charger. Et pourtant, je n'ai jamais eu tant d'envie de me disputer avec vous. Heureusement voici un petit capital de disputes que je tenais en reserve, que je vous avais offert par légèreté, que vous réclamez par trop de bonté, et que je vous envoie par excés de loyauté. Avec ceci j'aurai l'avantage de parler tout seul, mais (toujours par la raison de M.r Azaïs) vous aurez de votre côté celui de pouvoir ne pas m'écouter. Si vous ne le trouvez pas illisible, vous le trouverez inlisible. Comme j'ai dû choisir ce qui avait le moins de la première qualité, cela se trouve n'avoir ni pied ni tête: c'est d'un bon augure pour la matière. Vous me trouverez insolent, mais M.r Azaïs vous fera observer qu'il dépend de vous de me trouver bête. |
Oui, j'ai reçu les souvenirs de votre admirable talent et de votre amitié, dont vous me parlez: mais pour ce qui est de partager votre avis sur la manière dont la Religion doit intervenir dans l'éducation, et sur vos dissentimens avec l'école théologique, il n'en est rien; et si je pouvais vous tenir, on entendrait un beau bruit dans la chambre voisine. Mais de loin, avec le seul secours de la plume, pressé par le temps, je ne puis que vous déclarer mon sentiment sans vous en dire les raisons. Il est vrai qu'il vaudrait peut-être tout autant avec elles (en tant que c'est mon sentiment à moi, et ces raisons exposées par moi, bien entendu); et voilà encore pour M.r Azaïs.
Je vous dois une explication, sans que vous vous en doutiez peut–être. J'ai vu dans la «Gazette de France», qui, je crois, a pris celà du «Temps», qui l'a pris d'un journal allemand, un article dont le sujet est Herr Manzoni, c'est–à–dire le hère qui a l'honneur de vous écrire. L'auteur en est M.r de Witte, lequel dit avoir appris dans ma famille que j'allais publier une réfutation de la philosophie de M.r Cousin. Je suppose (personne dans ma famille n'ayant de cela un souvenir bien clair) que ce Monsieur | ayant bien voulu demander si je travaillais à quelque belle oeuvre, on lui aura dit que je vous écrivais au sujet de votre philosophie, et, comme écrire est devenu presque synonime d'imprimer, il aura cru qu'il s'agissait vraiment d'un défi en champ clos pour amuser les dames, les chevaliers et les vilains même. J'ai dit à la terre, au ciel, non pas à Guzman même, car il est, je crois à Breslau, et la poste est chargée d'assez de commérages, j'ai dit donc à qui a voulu l'entendre, que c'était un qui pro quo, que, n'étant ni philosophe, ni gascon, je ne songeais à publier rien contre votre philosophie, que c'etaient des observations, que, sur votre demande, j'avais eu le projet de vous adresser, et qui, par un juste égard pour mon amour propre, devaient demeurer inconnues au public; et que même j'avais abandonné ce projet avant qu'il fut accompli au quart etc. Je pense que cela vous suffit, et que rien vous eut suffi tout–de–même.
Vous allez me trouver encore plus pitoyable quand je vous dirai | que, ne trouvant pas la tendance de votre philosophie assez d'accord avec la tendance de l'école théologique, je croirais agir contre ma conscience, en coopérant, même comme simple commissionaire, à la traduction dont vous me parlez. Vous étiez pourtant autrefois du très–petit nombre des philosophes qui comprennent ces répugnances–là. Peut–être l'êtes–vous encore. Vous ne vous attendiez pas au reste à un procès de tendance, et de ce côté–ci encore; mais vous savez bien que pour ces matières–là tout le monde est juré.
Je ne puis absolûment vous plaindre pour votre corvée de Platon; car c'est une belle et grande route que Platon, et jamais corvée ne fut si bien faite. J'étais réduit, pour ma part, à marcher sur les cailloux de Ficin, ou dans la détestable crotte de notre traducteur italien Dardi Bembo; je parcours la route en voiture sans cahots, ou à pied pour mieux jouir de la vue, et celà non seulement sans fatigue, mais avec délices, et je plaindrais celui qui y a travaillé! Non, non: corvéable à merci et miséricorde - Je vous ferais mes excuses pour les ratures, si je ne songeais que c'est autant moins d'écriture, et qu'il y a plus que compensation. Mais adieu; nous vous embrassons tous avec cette inaltérable tendresse que vous nous connaissez pour vous. Il y a long temps que nous sommes de différent avis sur plusieurs choses, et que nous nous aimons pourtant. Je sçais bien que celà ne peut cesser de ma part, et j'en espère toujours autant de la vôtre.