MANZ. 11. 0084 [Postillato] Milano, Biblioteca Nazionale Braidense

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6.

On a peine à en croire ses yeux. Quoi! les syllogismes portent sur le mots, abstraction faite des choses que ces mots signifient? L'auteur ne s'apperçoit pas qu'il condamne tout espèce de raisonnement >que ne se fait< puisque tout ne se fait qu'avec des mots sur des mots. Et il cyte contre le syllogisme ces paralogysmes qui se trouvent dans les anciènnes logiques pour les adolescens où l'on enseignait justement a faire des bons syllogismes! Certes, on peut embrouiller ainsi les questions les plus simples; mais diantre! ce n'est pas un syllogisme que celui qui faisait ce sophiste: et l'auteur ne s'est pas aperçu d'avoir mis des milliers peut-être de syllogismes dans son ouvrage.

Luogo dell'opera: Considérations générales
Termine o passo postillato: [p.91] De même que les calculs de l'algèbre ne portent que sur des signes, les syllogismes sont |[p. 92] des raisonnemens qui portent sur une autre espèce de signes, c'est à dire, sur des mots. En abandonnant les choses, en abusant des mots, les discussions deviennent des jeux d'esprit et ne prouvent plus rien, comme on le voit dans ce raisonnement que fesait un sophiste de l'ancienne Grèce: Épiménide à dit que tous les Crétois sont menteurs; or il était Crétois lui-même; donc il a menti; donc les Crétois ne sont pas menteurs; donc Épiménide le Crétois n'a pas menti en disant que les Crétois sont menteurs. On peut embrouiller ainsi les questions les plus simples, et arriver par cette voie a les conclusions les plus absurdes.