MANZ. 12. 0044 [Postillato] Milano, Biblioteca Nazionale Braidense

Pagina: 212

9.

Cette distinction entre les idées et les émotions, qui revient toujours et à tous propos dans les ouvrages de critique littéraire, est une source intarissable d’erreurs. On ne peut faire de la poésie sans idées ; et si ces idées nouvelles dont parle ici l’auteur étaient intéressantes, ou si les esprits étaient disposés à les recevoir comme intéressantes aussitôt qu’elles seraient énoncées, si enfin elles se trouvaient sur le chemin du poëte qui voulait donner l’expression des souhaits, des souffrances, et des convictions de la société, il devenait très difficile, presque impossible de donner un noble plaisir, et de tendres émotions sans s’élancer d’un vol hardi vers ces idées nouvelles. C’était avec des idées aussi que dans le siècle de Louis XIV on voulait produire des émotions, seulement c’était le plus souvent avec des idées fausses: quant à la Religion il faut voir si elle a joué réellement un rôle important, ou si on n’a pas donné le nom de religion à l’intrigue à l’hypocrisie, à la flatterie, à la violence et à toutes les passions les plus payennes.

Luogo dell'opera: Onzième leçon
Termine o passo postillato: La Religion, sous Louis XIV, ne fut point attaquée, et on lui vit jouer un rôle important dans toutes les décisions humaines. On demandoit moins à la poésie de s’élancer d’un vol hardi vers des idées nouvelles, que de donner un noble plaisir et de tendres émotions.