Lettera n. 581

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Montgrand, Jean-Baptiste-Jacques-Guy-Therese, marquis de
Data
2 ottobre 1840 (2 8bre 1840.)
Luogo di partenza
Brusuglio
Luogo di arrivo
Saint-Menet (Marseille)
Lingua
francese
Incipit
Qu'il m'en coute de ne pouvoir trouver exécutable
Indirizzo
A Monsieur | M.r le Marquis de Montgrand | S. Menet près Marseille
Regesto

Manzoni spiega al marchese di Montgrand gli svantaggi che si avrebbero se egli illustrasse la sua nuova traduzione dei Promessi sposi con i clichés originali.

Testimoni
  • (originale) Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Archives de la famille de Montgrand, 197 J 59
    (Timbri postali: «MILANO | OTTOBRE 3»; «FRANCA»; «VIA DI VOGHERA»; «SARD. | 6 | OCT. | 40 | ANTIBES»; «T.S.1.»; «MARSEILLE | 7 | OCT. | [***]»)
Edizioni
  • SFORZA 1882-1883, vol. II, p. 42.
  • PARENTI 1945, p. 245.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 581, vol. II, pp. 158-160, note alla p. 760.
  • CARTEGGI LETTERARI 2016, lettera n. 320, pp. 805-807.
Opere citate

Storia della colonna infame; I promessi sposi

+ Testo della lettera

Monsieur,

Qu'il m'en coûte de ne pouvoir trouver exécutable un projet qui, moitié justice, moitié indulgence, vous intéresse, et qui n'aurait pas moins d'attrait pour moi! Mais je suis sûr que vous en jugerez de même, après avoir entendu les raisons que je vais avoir l'honneur de vous exposer tristement, et à la hâte, pour ne pas retarder l'envoi de cette lettre.
Les planches en bois, une fois fatiguées, ne sont pas susceptibles d'être retouchées; et un éditeur ne peut jamais être assuré d'avance de n'avoir pas à les user; parce que, d'abord, ce n'est qu'après la publication des premières livraisons que la demande est assez connue, pour qu'on puisse déterminer le nombre d'exemplaires qu'il convient d'en tirer; et ensuite on a la chance d'un second tirage qui pourrait être rendu nécessaire par une augmentation encore plus tardive de la demande. Il est d'ailleurs une circonstance, pour laquelle une édition française illustrée ne pourrait avoir aucune probabilité de débit, qu'à la condition de faire un tort considérable à la mienne. J'ai dû la mettre à un prix hors de proportion avec celui des ouvrages du même genre que l'on publie en France; ce qui fait que je ne compte y avoir qu'un bien petit nombre d'acheteurs. Or, si l'édition française était au même prix que la mienne, on trouverait | cela exorbitant, extravagant même; et vous savez, Monsieur, s'il est facile de faire sortir un public de ses habitudes de bon marché. Si elle était à un prix conforme à ces habitudes, c'est–à–dire à la moitié, non seulement elle fermerait tout–à–fait la France à la mienne, mais elle lui ferait une concurrence ruineuse même en Italie, sans compter que, par le contraste, elle la décréditerait, même auprès des personnes qui, ne connaissant pas le français, ne pourraient préférer l'ouvrage écrit dans cette langue. Voila, Monsieur, mes raisons trop fondées, mais doublement tristes, puisqu'elles me ravissent aussi une occasion de vous revoir. Quant à des traductions qui pourraient devancer la votre, et qu'une bonté dont je suis confus, vous fait craindre, croyez, Monsieur, qu'il n'y a que trop de motifs de ne pas s'en inquiéter. La plupart des corrections faites à l'ouvrage principal ne tombent que sur des mots, ou sur des phrases, sans toucher au sens; les autres sont en trop petit nombre, et de trop peu d'importance pour lui donner l'apparence d'une nouveauté. Ce qui y fait suite est peu, bien peu de chose, en tout sens, et ne peut avoir des chances de traduction que dans une indulgence aussi obstinée que la votre.
J'ai été bien peiné d'apprendre que l'amélioration de l'état de vos yeux n'est pas aussi sensible que je l'avais espéré; et j'ai presque du remords de leur présenter ces pieds de mouche.
Veuillez, Monsieur, agréer avec votre bonté ordinaire l'expression du respectueux attachement; avec lequel j'ai l'honneur d'être

Votre très–humble et très–obéissant
serviteur Alexandre Manzoni