Lettera n. 673

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Fresne, Marcellin de
Data
26 novembre 1842 (ce 26 9.bre 1842.)
Luogo di partenza
Milan
Luogo di arrivo
Paris
Lingua
francese
Incipit
car à présent vous ne pouvez plus vous en dédire
Regesto

Alessandro Manzoni ribadisce a Marcellin de Fresne le ragioni che gli impediscono di trattare con l'editore Baudry per il manoscritto della Colonna infame, la cui pubblicazione già abbondantemente avviata si concluderà nella metà del prossimo mese. Lo scrittore commenta le recenti condizioni avanzate da Baudry, riguardanti in particolare il numero e il prezzo degli esemplari, e trasmette le proprie. Nonostante le riserve di Baudry, Manzoni è convinto di riuscire a salvaguardare il proprio diritto d'autore in Francia.

Testimoni
  • (copia) Milano, Biblioteca del Centro nazionale di studi manzoniani, 1843/322
Edizioni
  • PARENTI 1945, p. 319.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 673, vol. II, pp. 254.258, note alle pp. 804-806.
Opere citate

I promessi sposi; Storia della colonna infame

+ Testo della lettera

Monsieur,

et cher ami, car à présent vous ne pouvez plus vous en dédire; je me hâte de répondre à votre aimable lettre du 19. Les remerciements et les excuses voudraient, comme de raison, prendre une bonne part de la mienne; mais que le titre que vous m'avez accordé en tienne lieu.
Arrivant donc immédiatement aux affaires, je commence par écarter celles qui sont devenues impossibles. Vous connaissez les raisons qui m'empêchaient de traiter pour le manuscrit de la Colonna infame. A présent tout discours sur ce point serait superflu, puisque cet opuscule est déjà publié en grande partie, et le sera en entier à la moitié du mois prochain.
Quant à l'autre projet, qui est le mien, je vois que M.r Baudry le trouve exorbitant, à cause du prix auquel reviendrait l'exemplaire à Paris. Mais je ne comprends plus comment M.r Baudry ait pu déclarer dans le temps à M.r Trechi (qui m'en a écrit aussitôt) que si j'avais voulu consentir à compléter les exemplaires dépareillés, il en aurait demandé 300, au lieu de 96 pour 104; le bénéfice réglé entre lui et M.r Trechi, étant un peu au–dessous de celui que je lui ai offert par votre entremise. Je ne comprends plus comment lui–même m'ait écrit: votre publication n'étant pas encore très–avancée, je bornerai ma première demande à 96 pour 104. Je ne comprends plus comment il ait annoncé l'édition à 46 frs. (c'est à dire à un prix supérieur à celui qu'il trouve étrange à présent), sans me faire aucune observation là dessus. Car jamais le prix n'a été présenté par lui comme un obstacle; la seule difficulté qu'il m'ait fait roulait sur le complément des exemplaires. J'ai dû dire cela pour ne pas paraître accorder que j'aie fait une proposition ridicule. Au reste c'est comme dédommagement que je lui ai demandé de faire cette nouvelle acquisition, et me fondant sur un droit. M.r Baudry le déclare à–peu–près illusoire; mais cela me démontre seulement que ma cause serait fort mauvaise, si elle devait l'avoir pour juge. Je ne vois dans ce qu'il vous a dit rien qui ébranle ma confiance en ce droit. Il ne vous a cité aucun antécédent français, et pour décider que ce droit n'est applicable qu'à la totalité d'un ouvrage, il faudrait interpréter la loi, qui ne s'explique pas là–dessus. Or, je ne puis m'imaginer que des juges français aillent interpréter contre les auteurs une loi faite pour les protéger. Car tel est, et devait être, l'effet d'une telle loi: tant pour l'auteur qui seul a un droit naturel et véritable à l'ouvrage, qui n'existérait pas sans lui; rien pour celui qui, le trouvant fait, veut le réimprimer. Je vois tous les jours dans les journaux français cette déclaration: Il est défendu de réimprimer ce feuiletton; et pourtant c'est souvent moins qu'un chapitre. Une déclaration semblable se trouve dans un ouvrage publié par livraisons: Les français peints par eux mêmes. M.r Baudry se trompe d'ailleurs, s'il croît que je ne me fonde que sur ma manière de voir, et que je me suis borné à prendre des avis en ce pays–ci. Mais pour ne pas prolonger une discussion entre parties, voici mes conclusions; elles tomberont, comme à l'ordinaire à la charge de votre inépuisable et infatigable bonté; mais au-moins, je suis sûr que vous les trouverez raisonnables. Je vous prie donc de vouloir bien consulter un homme de loi; choisi par vous, sa décision sera une autorité pour moi, (la difficulté que vous me faites à l'égard de M.r Berryer m'afflige, car vous saurez que me confiant dans la bonté qu'il a bien voulu me témoigner, et surtout dans vos recommandations, j'avais ambitieusement rêvé son appui pour ma petite cause. Mais ne pourrait–on pas lever cette difficulté, en substituant à l'argent une autre marque de reconnaissance, que vous indiqueriez?) Si l'on vous dit que ma prétention est légalement faible, alors je ne vous demande naturellement que ce que vous feriez pour vous–même dans une circostance semblable, c'est–à–dire, de déclarer à M.r Baudry que le traité avec lui n'a plus d'objet. Si, au contraire, on vous dit que ma prétention est également forte en droit qu'en équité, et si M.r Baudry est disposé à un accomodement, voilà sur quoi je pourrais modifier mon projet.
D'abord il m'est impossible de rien retrancher sur le prix, qui, en déduisant 45 pour 100 sur 108 livraisons à 40 cs, serait de 23 frs. 76 cs. J'ai peut–être des reproches à me faire, et à vous des excuses, de ne vous avoir pas dit d'une manière assez absolue que je ne pouvais dépasser cette limite. Je n'hésitérais pas à détruire 300 exemplaires, plutôt que de les laisser vendre 25 frs. à Paris ou partout ailleurs. Ce serait, passez-moi l'expression, casser le cou à mon édition, dont une bonne partie a été vendue, et dont j'ai tant lieu d'espérer que le débit entier ne sera pas très lent, et ce serait en même temps donner le plus juste sujet de plainte à mes abonnés. Quant au nombre, je laisse absolument à votre pouvoir discrétionnaire la faculté de faire la réduction que vous croirez convenable. L'affaire ainsi réduite aux termes les plus simples, ne peut avoir que l'une de ces trois issues: 1.o — désistement pur et simple de ma part; 2.o — arrangement sur les bases que je viens d'indiquer; 3o. — ce que je déteste, pour vous, pour M.r Baudry (car le mal qu'il m'a fait par les 4 éditions, et surtout par la dernière, ne me porte pas à lui en vouloir rendre), et pour moi, mais qui serait devenue inévitable. Si l'arrangement avait lieu, M.r Baudry pourrait, si lui bon semble, y insérer une protestation contre mon droit, mais il faudrait que, pour ma part, il fût explicitement reclamé. Bien entendu que la cession que je lui en ferais, ne devrait être que temporaire, et comme je vous l'ai dit dans mes premières lettres (pauvre De Fresne! comme elles se sont multipliées). Je consentais qu'il en fût fait mention sur la réimpression de M.r Baudry, s'il avait accepté mon projet tel que je l'avais fait; mais puisque cela n'est pas possible, je retire cette condition; car il serait presque ridicule à moi d'approuver moi–même une édition qui m'est dommageable, pour un dédommagement réduit; et qui au fond n'est qu'un contrat semblable à celui que M.r Baudry m'avait laissé espérer que je pourrais faire avec lui, quand je n'avais aucun titre légal pour demander des conditions plus avantageuses.
Dans tous les cas les 96 exemplaires que M.r Baudry a déjà acquis, lui constituent une dette qui ne peut plus être mise en question, et pour laquelle je vous prie de régler les échéances avec lui.
Il ne me reste plus que le temps de vous demander grâce pour les négligences et les incorrections extraordinaires de cette lettre, de rappeler, par votre moyen, à M.r votre frère ma haute estime et ma reconnaissance, et de vous embrasser. Le trouvez–vous bon?

Manzoni

P.S. — Pour vous laisser libre de montrer ma lettre à M.r B., si vous le croyez, je n'y ai pas fait mention de la sienne, dont vous m'avez communiqué la copie. Ainsi elle est pour moi comme non avenue. Autrement je ne sais jusqu'à quel point il serait convenable de continuer à traiter avec un homme qui répondrait à mes trop justes réclamations, par des leçons sur mes affaires. Je consens au reste à ce que vous m'y croyez tout–à–fait inepte, pourvu que cette opinion soit de votre cru, et non fondée sur les arguments de M.r B., qui ne connaît pas mes affaires autant qu'il le juge, et qui trouve commode de croire que ce qui m'a empêché de tirer parti de mes ouvrages est mon incapacité, et non la contrefaçon. Pour l'amour de la paix, traitez même à 100 exemplaires, bien entendu en sus des 96. Vous m'avez dit, il est vrai, que M.r Baudry n'irait pas même jusque là; eh! bien! alors le procès, dans le cas que la décision de l'homme de lois le déclare même légalement juste. Mais croyez que M.r B. doit y penser à deux fois, puisque ce procès perdu par lui donnerait l'éveil aux écrivains de toutes les parties du monde, dont il réimprime les ouvrages. Pardon de mes ratures aussi. N'allez pas surtout vous repentir de m'avoir montré trop de bonté.