Lettera n. 685

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Circourt, Adolphe de
Data
14 febbraio 1843 (14 fev. 1843)
Luogo di partenza
Milan
Luogo di arrivo
[Paris]
Lingua
francese
Incipit
Je viens de recevoir la lettre
Regesto

Alessandro Manzoni risponde alla lettera del 20 gennaio in cui Adolphe De Circourt aveva elogiato la Colonna Infame e si sofferma sulle ragioni dell'opera.

Testimoni
  • (minuta) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.XXX.62, cc. 2rv
Edizioni
  • SFORZA 1875, pp. 142-144 (da copia fornita dallo stesso destinatario).
  • REUMONT 1877, pp. 297-299 (in traduzione tedesca).
  • SFORZA 1882-1883, vol. II, pp. 89-91.
  • BARBI-GHISALBERTI 1942-1950, vol. II, pp. 563-564.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 685, vol. II, pp. 278-280, note alle pp. 814-815 (dalla minuta conservata alla Braidense).
  • CARTEGGI LETTERARI 2016, lettera n. 349, pp. 863-865, note alle pp. 865-866 (dalla minuta conservata alla Braidense).
Opere citate

Storia della colonna infame

+ Testo della lettera

Monsieur

Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez fait l'honneur de [m']écrire, et j'ai hâte de vous en exprimer ma très–vive reconnaissance. Ce sentiment pourrait bien en cacher ou en trahir un autre, celui d'une vanité satisfaite au delà de tous ses voeux; et il y aurait loin de là à la haute région dont vous avez bien voulu me dire des choses qui prouvent seulement que vous la connaissez bien, et à laquelle on n'arrive, de laquelle on n'approche même, qu'autant que l'on s'oublie. Mais quand même vous parler du bien que vous m'avez fait devrait être en partie un aveu, ce serait peut–être une raison de plus. Ainsi, Monsieur, permettez–le moi.
J'avais en effet, en travaillant au petit ouvrage que vous avez jugé avec tant d'indulgence, les intentions que vous exprimez si bien. Événement isolé, et sans relation avec les grands faits de l'histoire; acteurs obscurs, les puissants comme les faibles; erreur sur laquelle il n'y a plus personne à détromper parmi ceux qui lisent; institutions contre lesquelles on n'a plus à se défendre; il m'avait semblé que sous tout cela il y avait pourtant encore un point qui touchait aux dangers toujours vivants de l'humanité, à ses intérets les plus nobles, comme aux plus matériels, à sa lutte perpetuelle sur la terre. Mais, comme on aime beaucoup à viser, on se fait facilement des buts; et la persuasion la plus vive, qui, par cela même pourrait n'être | qu'engouement, le témoignage même de quelques amis dont le jugement, de grande autorité en toute autre occasion pourrait être égaré par la sympathie, ne peuvent rassurer que faiblement contre la crainte trop raisonnable de s'être trompé. C'est du public que l'on attend une assurance non pas entière, mais plus ferme; et cette épreuve m'a été completement défavorable. Quand ma petite histoire a paru, le silence (permettez–moi de ramener à un sens plus réel une expression que vous avez employée d'une manière trop bienveillante) le silence s'est fait; et la curiosité qui était assez éveillée dans l'attente, a cessé tout d'un coup, non comme satisfaite, mais cornme déçue. Jugez après cela, Monsieur, quel plaisir a dû me faire une voix inattendue et éloquente qui a bien voulu me dire que je ne m'étais pas tout à fait trompé. Sans vouloir nier, et sans pouvoir même démêler la part que l'amour propre peut avoir dans un tel plaisir, j'ose croire qu'il y a aussi quelque chose de plus noble et de moins personnel dans la consolation que l'on éprouve en s'entendant assurer que ce qui après un examen minutieux, comme au premier coup–d'oeil, a semblé vrai et important à la conscience, n'était pas tout à fait illusion.
Votre modestie, Monsieur, ne vous a pas permis de sentir quelle recompense serait pour moi un suffrage exprimé de la manière que vous avez pu le faire; mais vous n'avez pu vous tromper en jugeant combien je devrais être heureux et fier d'une parole bienveillante de MM.rs de Lamartine et Augustin Thierry. Certes, après cela il n'y a plus de mérite à ne pas regretter le bruit. Veuillez, je vous en prie, leur exprimer ma vive et humble reconnaissance: dites-leur | que ceux qui ont un grand nom, font bien de s'en servir pour encourager ceux qui vont jusqu'où ils peuvent.
Veuillez enfin agréer pour vous même l'expression de ma reconnaissance, et les sentiments de haute considération et de respectueuse sympathie que vous m'avez inspirés en même temps, et avec lesquels j'ai l'honneur d'être,
Monsieur,