Lettera n. 755

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Azeglio Maumary, Louise Elisabette Marie, d'
Data
19 giugno 1845 (19 juin 1845.)
Luogo di partenza
Milan
Luogo di arrivo
Pise
Lingua
francese
Incipit
Ne vous effarouchez pas
Indirizzo
Madame | Madame la Marquise Louise d'Azeglio | née Maumari | poste restante | à Pise
Regesto

Alessandro Manzoni chiede alla nipote Louise d'Azeglio Maumari di procurargli un avvocato per intentare una causa contro Le Monnier, il quale aveva dato alle stampe un'edizione abusiva dei Promessi sposi secondo il testo del 1827. Manzoni ricorda le precedenti controversie con lo stesso editore relativamente alla pubblicazione delle sue tragedie.

Testimoni
  • (originale) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.XXXII.9/4, cc. 2rv
    (Timbri postali: «MILANO | 19»; «AFFR [F]RONTIERA»; «PISA | 23 | GIU»)
Edizioni
  • ARRIGONI 1881, pp. 13-16.
  • SFORZA 1882-1883, vol. II, pp. 138-141.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 755, vol. II, pp. 345-347, note alle pp. 851-852.
  • CARTEGGI FAMILIARI 2006, lettera n. V.54, vol. I, pp. 243-245, note alle pp. 245-246.
Opere citate

I promessi sposi; Il Conte di Carmagnola; Adelchi

+ Testo della lettera

Chère Nièce, et admirable amie,

Ne vous effarouchez pas: ce n'est point pour vous parler de vos bontés, et de mes obligations, que je prends la plume; bien au contraire, c'est pour ajouter à celles–ci, et pour user et abuser de celles–là, comme vous m'y avez accoutumé. On me fait une avanie cruelle dans cette Toscane que j'aime tant; et j'ai pensé à vous pour me procurer du secours. Voici d'abord le fait. Grossi, qui, par parenthèse, vous dit toute sorte de bonnes choses, ainsi que sa famille, m'a apporté un catalogue de livres, où j'ai lu: Manzoni, I Promessi Sposi, Firenze (Le Monnier) I vol. in–12.°. Inutile de vous dire quel dommage cela me cause; et pour en obtenir la réparation je n'ai d'autre moyen, que de recourir aux tribunaux. Mais où donner de la tête, pour trouver un avocat auquel je puisse confier ma cause en pleine assûrance, moi absent, et qui n'en connais aucun? Vous n'en connaissez peut–être pas plus que moi: mais vous n'avez qu'à parler pour que l'on vous en fasse connaitre. Adressez vous à Giusti, à qui j'ai eu un moment la tentation de m'adresser directement moi–même; mais j'ai craint que l'indiscrétion ne fut par trop forte. Je suis sûr qu'il trouvera ma cause bonne, et que, pour la trouver telle, il n'a pas besoin de se souvenir du tour, bien plus sanglant, que la contrefaçon lui a joué.
Vous saurez que ce même M.r Le Monnier m'écrivit, en janvier 1843, pour me demander de consentir à la réimpression de mes deux soi-disant tragédies, dans un recueil qu'il entendait publier. Je refusai. Il répliqua qu'il était extrêmement fâché de me contrarier, mais qu'il avait pris des engagements, et que la Convention pour la propriété littéraire n'était pas applicable aux ouvrages qui avaient paru avant elle. Il se trompait; mais, pour l'en convaincre, il m'a fallu présenter une requête au gouvernement de Milan pour qu'il fît à Florence les démarches nécessaires pour empêcher cette publication: ce qui fut fait, et avec un plein succés. Alors M.r Le Monnier m'écrivit pour protester de sa bonne foi. Je lui répondis que je n'en doutais pas: je ne pourrais, certes, lui en dire autant à présent. Il revint aussi à sa première demande, en m'offrant une indemnité. Je refusai de nouveau.
Vous saurez encore que dernièrement il était en train de contrafaire le Marco Visconti, et que le gouvernement de Milan, qui en fut informé, à l'occasion d'une autre réclamation, | écrivit à Grossi, pour lui demander si c'était de son consentement: à quoi Grossi répondit que non seulement il n'avait pas donné de consentement, mais qu'il l'avait expressément refusé à un libraire d'ici, qui le lui avait demandé au nom de M.r Le Monnier. Mais, comme vous voyez, je ne suis plus a temps de prendre cette voye, puisque la contrefaçon a déjà paru. Ainsi, ma chère et patiente Nièce, je vous prie, les mains jointes, de me trouver un avocat honnête et ferme, qui veuille se charger de ma cause, et de m'envoyer son adresse, afin que je puisse lui adresser une procuration en bonne forme, que Grossi brûle de rédiger. Pardon de tant d'ennui, et de tant d'embarras. Mais, vous aussi, pourquoi êtes vous si bonne? La preuve que j'ai tout–à–fait oublié que je pourrais avoir quelque chose à vous dire à propos de ma Victoire, qui est aussi notre Victoire, c'est que je ne songe même pas à vous prier de l'embrasser pour moi. Au fond, que faites-vous pour elle? Rien; vous l'avouez vous–même. Voilà où vous nous avez réduits: à recourir à l'ironie pour vous exprimer la plus vive et la plus profonde reconnaissance. Adieu, ma chère et bonne nièce; recevez les salutations, les voeux et... j'allais encore dire les remercîments de toute ma famille, et en particulier, de votre dévoué et bien affectionné oncle.

Alexandre Manzoni