MANZ. 12. 0067 [Postillato] Milano, Biblioteca Nazionale Braidense

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<u> Plus aisement? </u> Ce n'est donc pas, même selon lui, le moyen indispensable, et par conséquent il n'y a rien à conclure de là, même selon lui, à l'origine et au principe de toutes nos connoissances.

Luogo dell'opera: Livre III, Cap. I, p. 323.
Termine o passo postillato: Une autre chose qui nous peut approcher un peu plus de l'origine de toutes nos notions et connoissances, c'est d'observer combien les mots dont nous nous servons, dépendent des idées sensibles, et comment ceux qu'on emploie pour signifier des actions et des notions tout-à-fait éloignées des Sens, tirent leur origine de ces mêmes idées sensibles , d'où ils sont transférés à des significations plus abstruses pour exprimer des idées qui ne tombent point sous les Sens. Ainsi les mots suivans, imaginer, comprendre, s'attacher, concevoir, instiller, dégouter, trouble, tranquillité, etc. sont tous empruntés des opérations de choses sensibles, et appliqués à certains Modes de penser. Le mot Esprit dans sa premiére signification, c'est le souffle; et celui d'Ange signifie messager. Et je ne doute point que si nous pouvions conduire tous les mots jusqu'à leur source, nous ne trouvassions que dans toutes Langues, les mots qu'on emploie pour signifier des choses qui ne tombent pas sous les Sens, ont tiré leur premiére origine d'idées sensibles. D'où nous pouvons conjecturer quelle sorte de notions avoient ceux qui les premiers parlérent ces Langues-là, d'où elles leur venoient dans l'esprit, et comment la Nature suggéra inopinément aux Hommes l'origine et le principe de toutes leurs connoissances, par les noms mêmes qu'ils donnoient aux choses; puisque pour trouver des noms qui puissent faire connoître aux autres les opérations qu'ils sentoient en eux-mêmes, ou quelque autre idée qui ne tombât pas sous les Sens, ils furent obligés d'emprunter des mots, des idées de sensation les plus connues, afin de faire concevoir par-là plus aisément les opérations qu'ils éprouvoient en eux-mêmes, et qui ne pouvoient être représentées par des apparences sensibles et extérieurs.