Lettera n. 638

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Baudry, Louis Claude
Data
[13 maggio 1842]
Luogo di partenza
[Milan]
Luogo di arrivo
Paris
Lingua
francese
Incipit
M.r Ugoni m'a transmis, le 9 du courant, la lettre
Regesto

Alessandro Manzoni tratta con l'editore francese Baudry lo smercio dell'edizione illustrata dei Promessi sposi. Lo scrittore non approva il progetto di una riedizione a buon mercato del romanzo che Baudry vorrebbe far uscire contemporaneamente all'edizione italiana, quindi, per tutelare il proprio diritto d'autore, lo avverte che farà pubblicare in Francia due capitoli inediti, uno del romanzo e uno della Storia della colonna infame. Lo scrittore comunica infine a Baudry di essere disposto ad accordarsi con lui per l'autorizzazione a ristampare i due capitoli.

Testimoni
  • (minuta) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.I.11/1a, cc. 2rv
  • (minuta) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.I.11/1b, cc. 2rv
Edizioni
  • SFORZA 1882-1883, vol. II, p. 76 (testo dell'originale spedito a Baudry su copia lacunosa e erronea di cui non è dichiarata la provenienza).
  • PARENTI 1945, pp. 287, 289 (testo delle due minute).
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 638, vol. II, pp. 216-218, note alle pp. 789-791 (testo dell'originale integrato e corretto con il ricorso alle due minute; varianti della seconda minuta segnalate in nota).
Opere citate

Storia della colonna infame; I promessi sposi

+ Testo della lettera

[Monsieur]

M.r Ugoni m'a transmis, le 9 du courant, la lettre que vous lui aviez écrite le 8 avril, et qu'il ne venait que de recevoir; et il y a joint le catalogue et la couverture, que vous lui aviez envoyés, et dans lesquels se trouve l'annonce de l'édition illustrée des Promessi Sposi. Permettez-moi, Monsieur, de m'expliquer franchement avec vous sur cette annonce, et sur ce qui l'a précédée.
Il est vrai, que je n'ai pas voulu accepter la condition de compléter les exemplaires qui demeureraient dépareillés par la faute de quelque abonné: condition que j'ai dû croire insolite, parce qu'elle n'a été exigée ni même proposée par aucun des autres libraires qui se sont chargés d'un nombre plus ou moins grand d'exemplaires de cette même édition. Il est vrai encore que vous avez insisté pour que j'acceptasse cette condition; mais enfin, lorsque vous y avez renoncé, j'ai dû croire que c'était purement et simplement, et je n'aurais pas pu m'imaginer que, sans m'en prévenir, vous en imposeriez aux abonnés une autre, bien assurément insolite, et dont l'effet naturel devait être de les éloigner, et de rendre la vente à peu près impossible, avant la publication [entière] de l'ouvrage. Certes, je n'aurais pas voulu faire imprimer, sur nouveaux frais, 2000 prospectus, dont l'inutilité presqu'absolue (relativement à la vente par livraisons, qui était mon but principa) m'aurait été demontrée d'avance. J'ai vu en effet cette annonce imprimée sur la couverture de la réimpression, et plus d'une fois dans vos catalogues; mais ce n'est pas [la multiplication d'une telle annonce qui peut lui donner de l'efficacité; et je ne m'étonne pas] du petit nombre d'exemplaires placés jusqu'à présent, surtout avec la concurrence d'une édition à très–bon marché, partagée elle–même en livraisons, et pour laquelle on ne paye rien d'avance. J'avais eu l'honneur de vous écrire dans le temps que j'espérais de votre générosité, de votre équité même, que vous ne voudriez pas nuire, par une nouvelle réimpression, au débit d'une édition, qui me coûtait un surcroît de travail, et m'obligeait à des avances trè-considérables. Vous m'avez déclaré que vous vous trouviez dans l'impossibilité de renoncer à cette réimpression, parceque, si ce n'était vous, ce serait quelqu'autre de vos confrères, qui la ferait; et j'ai dû me le tenir pour dit. Mais je croyais au moins qu'elle ne paraîtrait, qu'après l'entière publication de l'ouvrage, et j'étais bien loin de m'attendre à une édition, qui suivrait pas à pas la mienne. Ce n'était pas votre usage de réimprimer par fragmens, et la bonté que vous m'aviez montrée éloignait de moi l'idée, que vous feriez une telle exception pour moi. Maintenant, voyant le débit de mon édition si entravé en France, je me trouve forcé à recourir aux moyens qui sont encore en mon pouvoir, pour lui assurer un avantage exclusif. Et comme il m'est odieux de lutter pour des intérêts personnels, même les plus justes et les plus sacrés, je me félicite de ce que l'emploi de ces moyens peut prêter à un arrangement. Je dois donc faire imprimer en France, sur manuscrit, et en prenant, par une déclaration expresse, possession de mon droit d'auteur, un des chapitres des Promessi Sposi qui n'ont pas encore paru dans ma nouvelle édition, et qui même ne sont pas imprimés, et un chapitre de l'ouvrage plus court qui doit y faire suite. Après cela aucune réimpression complète, soit du texte des Promessi Sposi corrigé ou plutôt refondu, soit de l'appendice, ne pourra être faite en France sans mon aveu. Mon droit ainsi garanti, je suis très–disposé à m'entendre avec vous pour l'autorisation de réimprimer ces deux chapitres, ou seulement celui du premier ouvrage, si cela vous convient mieux; et je vous demanderais en compensation, d'acheter à des conditions qui feraient partie de l'arrangement, un nombre à fixer, d'exemplaires de mon édition, en sus de ceux que vous avez déjà pris. Et même si l'arrangement avait lieu à temps, on pourrait annoncer cette autorisation à la suite de la déclaration dont je viens de parler. Comme le chapitre, dont l'édition originale sera faite à Paris, ne doit pas paraître très prochainement dans la mienne, je puis attendre assez pour recevoir votre réponse, si vous jugez à propos de m'en faire une. Et si elle m'annonçait que vous fussiez disposé à traiter sur la base que j'ai l'honneur de vous indiquer, je pourrais charger une personne à Paris de prendre avec vous un arrangement définitif en mon nom. Veuillez, Monsieur, [agréer l'expression de la parfaite considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être] ***

Alexandre Manzoni