Lettera n. 189

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Fauriel, Claude
Data
[10 agosto 1823 - 15 agosto 1823]
Luogo di partenza
[Brusuglio]
Luogo di arrivo
[Paris]
Lingua
francese
Incipit
Voilà, mon cher et toujours plus cher ami, un messager
Regesto

Manzoni ha visto l'edizione della traduzione di Fauriel del Conte di Carmagnola e dell'Adelchi e lo ringrazia. Lo informa dei problemi che lo hanno costretto a riprogrammare il viaggio in Toscana. Accoglie con piacere la proposta di Trognon di tradurre il romanzo e ipotizza di avviarne la stampa verso la fine di ottobre. Spedisce esemplari dell'Adelchi da dare agli amici.

Testimoni
Edizioni
  • SFORZA 1912-1921, vol. II, p. 102.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 189, vol. I, pp. 310-314, note alle pp. 854-855.
  • CARTEGGIO MANZONI-FAURIEL 2000, lettera n. 81, pp. 426-431, note alle pp. 431-434.
Opere citate

Lettre à M.r C*** sur l'unité de temps et de lieu dans la tragédie; Adelchi; Il Conte di Carmagnola; I promessi sposi

+ Testo della lettera

Avant que de répondre à votre aimable lettre il faut que je vous dise que j'ai pu voir et parcourir ce volume dans lequel vous avez bien voulu paraitre comme mon traducteur. Ah mon ami! qu'avez vous fait? qu'avez-vous dit? J'en suis confondu; je ne vous parle pas du plaisir que j'ai éprouvé en voyant mes ébauches de pensées si bien rendues, ou pour mieux dire, developpées et achevées dans votre style; je m'attendais à ce plaisir: mais encore une fois, qu'avez vous dit de votre pauvre auteur! J'en rougis, et n'ose pas lever la tête.
[...]
Je n'ai pas eû le plaisir de voir M.r de l'Écluse, ni les articles que M.r Trognon a donnés sur Adelghis, ou qu'il a bien voulu donner sur Adelchi. Ainsi j'en suis pour ma curiosité, avec un peu d'espérance que cela me viendra dans le moment que m'y attendrai le moins.
Que vous dirai-je du projet de M.r Trognon de traduire mon rabachage, et pour vous le dire en milanais, mon gros matelas d'écriture? Ce projet m'effraie pour lui, et me fait bien du plaisir pour ce qui me regarde; et nul doute que je ne m'y prête de la meilleure grace du monde. Il ne s'agit que de lui envoyer chaque volume à mesure qu'il est imprimé (ils seront quatre, et paraitront en italien tous à la fois): diantre! je ferais bien plus que cela; je ferais un ouvrage exprès pour l'espérance de | le voir traduit en français de la manière dont M.r Trognon peut le faire. Je vous prie de me donner son adresse; afin que je puisse avoir l'honneur de lui écrire là-dessus quand il sera temps; mais en attendant veuillez bien vous charger de lui dire de ma part deux choses: que je suis on ne peut plus reconnaissant de son aimable, et héroïque résolution; et que je ne serai nullement étonné si après avoir parcouru le premier volume, il en changera.
Je ne pourrais probablement me mettre à l'impression avant la fin d'octobre: l'ouvrage, si ce titre n'est pas trop ambitieux sera achevé dans le courant d'août; mais la correction, la copie, la révision, etc. tout cela emporte bien du temps.
Vous avez la bonté de me dire que vous êtes curieux de voir ce fatras: il doit y avoir une petite pièce intitulée: la curiosité punie; je ne voudrais pas que ceci en fût la réalité. Je n'ose vous en dire rien d'avance, et je ne saurais trop que vous en dire; quand je veux observer ce que j'en ai fait. O soleil! o flambeaux de lumière immortelle! Je me trouble moi-même. J'ai tâché de connaitre exactement, et de peindre sincèrement l'époque et le pays ou j'ai placé mon histoire, voilà tout ce que je puis vous dire en conscience. Les matériaux sont riches; tout ce qui peut faire faire à des hommes une triste figure y est en abondance; l'assurance dans l'ignorance, la prétention dans la sottise, l'effrontérie dans la corruption, sont hélas, | peut-être les caractères les plus saillans de cette époque, entre plusieurs du même genre. Heureusement il y a aussi des hommes et des traits qui honorent l'espèce humaine; des caractères doués d'une vertu forte, et originale en proportion des obstacles, des contrastes, et en raison de leur resistance, ou quelquefois de leur assujétissement aux idées communes. J'ai taché de profiter de tout cela; comment Dieu le sait. J'ai fourré là dedans des paysans, des nobles, des moines, des réligieuses, des prêtres, des magistrats, des savans, la guerre, la famine, la [***] que c'est que d'avoir fait un livre!
Fanny vous en presentera un de ma part, qui vous est dû pour bien des raisons. Veuillez me faire la grace de presenter à M.r Trognon l'exemplaire qui porte son nom. Si Fanny pourra en apporter un autre, je la charge de le prendre à Milan, et vous prie de le donner à Cousin. Je suis bien fâché dans ce cas, de n'avoir pas cet exemplaire ici | pour y écrire une ligne qui me rappele au souvenir de cet ami si cher et si estimé; mais il sait que mes sentimens pour lui et ceux de ma famille ne sont pas de ceux que l'absence affaiblit; et je compte de ma part sur les siens.